En résidence, c'est un temps d'écriture qui est accordéà un auteur pour un moment donné et rémunéré par un organisme précis autour d'un sujet particulier. Sauf que là, je suis en résidence chez moi. Un jour, bientôt mais pas encore, j'irai plus loin, en Islande pour un projet qui me tient à cœur. Il faut juste que je boucle le financement et c'est toujours pareil, ça prend du temps. Mais pour l'instant, je suis chez moi àécrire ce texte pour ados autour du tennis et c'est la Bibliothèque départementale des Bouches du Rhône qui m'a accordée cette bourse. Ecrire sur le sport est un vrai challenge. Pour plusieurs raisons. Les mondes littéraires et sportifs sont parfois trop éloignés et ne se comprennent pas. Mais pas toujours non plus... Rappelons nous Blondin, Murakami.... Enfin, eux, ce sont Blondin et Murakami et moi, je suis moi. Ecrire sur le tennis, c'est essayer d'éviter le commentaire sportif, c'est être sur le court une raquette à la main, c'est suer, vibrer, stresser, c'est chercher à se dépasser, à aller plus loin malgré la fatigue, malgré les blessures, malgré l'adversaire plus talentueux, c'est trouver en soi l'énergie pour tenir, tenir et peut être marquer. Et ça, ça me plaît. Et ça me connaît aussi. L'endurance toute la journée, visséà ma chaise, mon corps en miettes à la fin pour avoir lutté et cherchéàécrire ces foutues bonnes phrases autour desquelles je tourne depuis des jours. Et sortir de ma journée vidée entièrement comme si j'avais parcouru un marathon. Et là, je reviens encore à Murakami et à son Autoportrait de l'auteur en coureur de fond, livre indispensable à mon sens. Pourquoi avoir choisi le tennis ? Et pas le basket, la course, le foot ? Sans doute parce que c'est le sport que je connais le plus pour l'avoir vécu à fond pendant mon enfance lointaine et sans doute aussi parce que grâce au tennis j'ai pu traverser l'adolescence sans trop d'ennui, de torpeur. J'aimais taper, frapper, jouer avec des garçons meilleurs que moi et essayer de me mesurer à eux en frappant des boulets de canon. Sport individuel, apprentissage de soi face à l'adversité. Mon écueil, ce fut ma trop grande émotivité qui me rattrapait quand je ne m'y attendais pas chaque fois et qui m'a empêché de progresser. Une émotivité incapable à maîtriser. C'est comme ça et ce n'est pas grave. Et si je joue encore aujourd'hui, c'est juste pour retrouver cette fluidité du geste et du beau coup. Tiens d'ailleurs, je vais faire des pâtes ce soir. Vous savez bien, les sucres lents... Pour préparer ma journée marathon de demain...
La photo est de Jacques Henri Lartigues, elle date de 1913. Rien à voir avec le tennis des années 2000 !