Peinture : Michaël Dumontier et Neil Farber
Les trois dernières lettres de notre texte sont E R A (Sera ? Deviendra ? On verra...). Puis suivent des point de suspension comme trois petits cailloux déposés sur le sol pour continuer le chemin. Ce serait alors au lecteur de mettre le point final et définitif pour clore l'histoire.
Mais ce texte est écrit à deux. Françoise et moi, à distance, elle en Bretagne, moi en Provence.
Nos 2 yeux sont 4. Avec nos 4 jambes, nous courrons ensemble après les idées, nos 4 mains pour les attraper et nos deux têtes pour tricoter l'histoire. Une maille à l'endroit, une maille à l'envers. On avance, on défait, on retricote, on redéfait. 3 pas en avant, 4 en arrière, jusqu'au jour où bon...làça va. Enfin, on trouve... Alors il faut envoyer le texte. On écrit un mail, "bonjour madame", on ajoute en pièce jointe notre histoire tricotée durant nos heures d'hiver, on clique sur Envoyer, on fixe intensément la barre de progression d'envoi puis ding, dong ! Mail envoyé et reçu aussi sec. Et un jour sera lu...
Et j'ai beau avoir d'autres chantiers en cours, il y aura de toute façon ce petit vide au creux du ventre. Le vide après le plein, les rendez-vous de semaines en semaines, les mails reçus, annotés, corrigés, les discussions interminables au téléphone et le texte à repenser, retravailler sans cesse. Le manque se dessine déjà...
Françoise, ma sœur Françoise, ne vois tu rien venir ?